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AVRIL. — HISTOIRE, LITTÉRATURE, ETC. 121

voisins; mais « ce qu'il y a de nouveau, c'est que grâce à eux nous pouvons désormais le considérer non plus seulement du dehors, mais, pour ainsi parler, du dedans. »

Le livre de M. Thureau-Dangin nous permet de dis- cerner plus clairement le caractère véritable de la doc- trine de Newman, la façon dont il comprenait l'apolo- gétique nouvelle, les raisons aussi des ardentes contra- dictions que souleva dans les milieux religieux son attitude prudemment libérale, et c'est aussi la révéla- tion de la qualité de cette âme aux jours d'épreuves. Le récit de ses troubles, de ses tristesses, de ses faiblesses même ne diminue pas cette grande figure : « Elle nous apparaît plus émouvante, plus humaine, plus proche de nous, sans être au fond moins belle et moins pure. Nous l'aimons davantage, sans la moins admirer.»

PAUL BONGOUR

Art et Démocratie.

Dire que notre République n'a rien d'athénien, c'est proférer un lieu commun assez rebattu, mais c'est, hélas ! aussi, affirmer la plus incontestable des vérités. Notre régime n'aime pas les arts, ou tout au moins, il les aime mal, et l'argent qu'il dépense pour favoriser l'éclosion de chefs-d'œuvre nouveaux ou pour assurer la conservation des chefs-d'œuvre d'autrefois est bien fâcheusement employé. Et ce ne sont pas seulement les ennemis du régime qui lui font ce procès : tous ceux qui ont le culte de l'art et de la beauté dénoncent le péril. M. Paul Boncour ne passe pas, que je sache, pour un réactionnaire : il a des idées fort avancées et il est tout à fait à l'aile gauche du bloc; seulement, c'est en même temps un homme d'une merveilleuse culture qui