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432 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

aimait et qui pleura son départ s'est mariée; la vie enfin, qu'il répudiait naguère avec tant de ferveur, semble l'avoir à son tour répudié.

Il veut vivre néanmoins; il connaît tour à tour les affres de la passion violente, les joies austères du travail, le désespoir des renoncements, lorsqu'il s'aperçoit que l'irréparable est entre lui et sa fiancée d'autrefois, et cependant il prend conscience de son devoir humain, il comprend que la sagesse suprême, c'est l'amour de sa destinée : ultimum Sapientiss Amor Fati, et, paraphra- sant la belle pensée de M"^^ de Staël, mise en épigraphe : « Le but de la vie n'est pas le bonheur, mais le perfec- tionnement », il s'écrie avec désespoir, avec ivresse : « Le bonheur humain n'est pas fait pour moi. Il me faut aller plus loin et plus haut, tout seul. C'est ma destinée, je l'accepte à présent, pour toujours. Quelle que soit une destinée, elle est toujours heureuse et belle quand on l'aime. Oh ! mon cœur ! emplis-toi de dou- ceur et d'amertume, de douleur et de joie, emplis-toi d'amour, démesurément. »

MARCEL PRÉVOST

Missette.

Sous le titre : Missette, M. Marcel Prévost nous offre l'aimable régal de trois grandes nouvelles, trois vérita- bles romans, réunis en un volume. La première de ces nouvelles, « Missette », est une chose délicieuse, d'une grâce désinvolte, d'une émotion légère et profonde. Missette, ce nom gentil, diminutif de Miss, où il y a tout à la fois une caresse familière et un peu de mépris, a été donné par le jeune Raymond à Hilda, une certaine institutrice suisse introduite dans la famille Aligand après le départ de Miss Hannah, la gouvernante de