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2 LE MOUVEMENT LITTERAIRE

Et Laurence, qui s'^st longtemps résignée, souffre et se désespère; Antoine Bellème, un ami de la maison, richissime métallurgiste, se trouve à point pour la consoler : elle se donne à lui. Et, lorsque, au lendemain du triomphe de « la Belle Maîtresse », Lucien Mirar meurt subitement en pleine victoire, en pleine apo- théose, Laurence épousera tout naturellement Antoine.

Mais Mirar mort, sa renommée subsiste et grandit : elle enveloppe, elle opprime le jeune ménage; jamais le grand dramaturge ne fut plus présent, plus obsédant, et cette guerre entre la gloire du mort et l'amour du vivant s'incarne le plus douloureusement du monde en deux enfants : Lucien, le fils de Mirar, et Laurent, celui que Laurence eut de son second mari. Elle devient si âpre, si pénible; les préférences de Laurence pour son aîné, héritier de toutes les grâces physiques et intellectuelles de son père, s'affirment si douloureuse- ment pour son mari et pour son second fils, qu'une séparation doit intervenir entre les deux époux : ils s'en vont douloureusement chacun de son côté, cha- cun avec son enfant.

Ce drame très humain et très vrai, M. Gaston Rageot l'a évoqué en, des pages vivantes, animées de figures, pittoresques et qui semblent parfois très réelles, écrites en une langue excellente que je serais tenté parfois, de trouver un peu trop sage et raisonnable.

OCTAVE AUBRY

Sœur Anne.

Toute la mufflerie de l'homme qui n'aime pas ou qui n'aime plus, toute l'abnégation tendre de la femme, de la « brebis », pour l'homme qu'elle chérit, toute sa