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146 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

ouvrières, s'est souvenue de ce que son enquête lui avait appris, dans ce roman. C'est, en effet, un « roman utile » où vous trouverez des renseignements émou- vants sur le sort des ouvrières de l'élégance, des conseils généreux aux femmes soucieuses tout à la fois de coquetterie et d'économie, « qui ne se demandent pas assez souvent si le meilleur marché a pu être obtenu par des conditions de travail humaines ». i rH.'> ^Ge n'est cependant point un roman didactique: les réflexions dont je vous parle sont reléguées tout à la fin du livre et les frivoles lectrices ne les trouveront qu'après avoir eu trois cents pages d'attendrissement et d'émotion; après avoir connu la tragique aventure de cette orpheline élevée dans un asile après la mort de sa mère abandonnée par son séducteur, et qui, par un hasard providentiel, retrouve justement ce séducteur, son père, dans la maison où elle débute comme femme de chambre. Elle y rencontre aussi une ravissante jeune fille, la fille de la maison, sa sœur, Marguerite, et ce pourrait être pour elle le bonheur si l'épouse de son père, une vilaine femme, ne la jetait méchamment à la porte.

C'est alors l'aventure des pauvres filles abandonnées, la rencontre du séducteur, la maternité; puis, après quelques mois de bonheur et de tranquillité auprès d'un brave homme qui l'a épousée, le veuvage, la misère, l'asphyxie avec ses deux pauvres enfants, la Cour d'assises — car les enfants sont morts et elle a été sauvée — et enfin, l'acquittement, le salut définitif auprès de sa généreuse sœur Marguerite, qui l'aide à découvrir une raison de vivre et d'espérer, dans le dévouement à ces pauvres ouvrières dont elle a trop bien connu les misères.