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MAt. -^ LES ROiiANâ 145

ANDRÉ PAVIE

Madame Bonverot, préfète.

Madame Bonverot, préfète, Théroïne de M. André Pa- vie, est une petite fille de la gentille sous-préfète de Pailleron qui s'ennuyait si fort, mais le monde « où l'on s'ennuie », où l'on doit s'ennuyer, chez les fonc- tionnaires actuels de la République n'est plus le même, paraît-il, qu'il y a trente ans; nous avons marché depuis et si la préfète de M. André Pavie s'était avisée de franchir le seuil de la duchesse de Réville, on peut gager que son pauvre préfet de mari eût été assez les- tement révoqué.

Grâce à l'amitié d'un certain Gambillart, chef de cabinet d'un ministre qui passe, M. Bouverot, chef de bureau au ministère de l'intérieur, a été bombardé préfet d'une ville de l'Ouest : Landemont, l'un des chefs-lieux les moins avenants qui soient. Et le ménage s'est installé dans la morne préfecture avec ses deux enfants, un petit garçon et une fillette; tous les quatre ils se sont mis à mener une existence de prisonniers à la chaîne à peine dorée.

]Vlme Bouverot a dû prodiguer ses sourires à une foule de gens qui lui déplaisent et refuser de recevoir les seuls pour qui elle a quelque sympathie, car ce sont justement des adversaires du parti gouvernemental.

Puis sont venus, après les petites humiliations, les gros ennuis : fermeture d'écoles libres, installation de laïques réprouvés par la population, luttes où il faut soutenir un candidat abominablement désagréable et fort mal élevé; entre temps, la préfète a dû lutter, non sans difficultés, pour défendre l'honneur conjugal, car, pour être radical-socialiste on n'en est pas moins homme et W^^ Bouverot est gentille; et c'est le récit