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158 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

vivants ? Tu es allé vers l'ombre et je vais vers la lumière, mais qu'importe, si c'est la même ardeur de vaincre qui nous a guidés? »

Tel est l'état d'âme de Séverac au moment où la Destinée va mettre sur son chemin une femme, Béa- trice, idéalement belle, énigmatique et sombre, qui s'est ensevelie dans une maison tragique où son père dément pousse des cris de forcené. Entre ces deux êtres une aventure passionnée, obscure et chaste se poursuit pendant tout le cours du roman jusqu'au jour où Séverac s'arrache à ce vertige et s'en retourne vers la ville : « une ivresse désespérée coulait en lui comme il avait pleuré de vraies larmes. Elle l'étreignit jusqu'à l'angoisse, le tortura comme un bonhem* trop lourd. Il était sauvé. Il était libre comme les Dieux : il venait de vaincre l'Amour et il n'avait plus de patrie !... »

JEHANNE D'ORLIAC

Le Jardin des Autres.

M"6 Jehanne d'Orliac, en qui nous estimions un poète délicat et doué, fait ses débuts comme roman- cière avec le Jardin des Autres. Débuts agréables et qui promettent. Il y a, dans le Jardin des Autres, de jolies qualités d'émotion, de tendresse et d'observation. L'histoire est dramatique, intéressante; on y peut trouver un enseignement : à savoir, que les femmes se laissent plus volontiers prendre par les qualités exté- rieures de séduction, d'élégance, d'adresse, que par les nobles vertus de l'intelligence et du cœur; on y peut découvrir aussi une morale : qu'il ne faut point semer dans le jardin des autres, ni prendre les femmes de ses amis, même quand elles sont délaissées et malheureuses.

Dans le second roman qui complète le volume : Les