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JUIN. — LES ROMANS 197

de son amie, elle aura, par surcroît, reconstruit le sien.

Telle est l'histoire que nous apprenons dans les cin- quante lettres écrites par la divorcée à Madeleine Rau- court, et cette histoire, qui est, nécessairement, toujours en récit et jamais en action, est cependant tout à fait vivante : elle semble même vécue. C'est que ces lettres sont d'un naturel parfait; il n'y a là nul artifice, nulle préparation : c'est la vérité même. Chemin faisant, cette gracieuse et tendre figure de femme se dessine entre les lignes, en face de l'homme qu'elle aime toujours et dont elle se reproche de n'avoir pas su excuser l'égoïsme et la rudesse morale qui sont, paraît-il, les qualités masculines par excellence.

Je ne crois pas que cela soit d'une parfaite et univer- selle exactitude, mais c'est probablement très sincère; et puis c'est si féminin, cette forme d'indulgence et d'humilité qui consiste à dire : « en vérité, c'est moi la coupable, j'ai eu tous les torts; avec toute ma tendresse, ma sensibilité, ma délicatesse de femme, j'aurais dû savoir et me souvenir qu'un homme, même supérieur, même excellent était nécessairement par essence un être égoïste, bien moins sensible et bien moins délicat. » - Et j'ai pourtant goûté ce livre plein de talent; peut- être, après tout, les temps ont-ils changé depuis Molière, et est-ce nous maintenant qui aimons à être battus.

MARCEL BOULENGER

Le Marché aux Fleurs !

Le Marché aux Fleurs ! voilà, n'est-il pas vrai, pour un roman, un gracieux titre, évocateur de jolis tableaux, de fraîches couleurs et de doux parfums. Mais le marché dont nous parle M. Marcel Boulenger dans le livre qu'il a fleuri de ce titre, ne se tient ni à la Madeleine, ni sur