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198 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

la place ensoleillée de Nice, et ce ne sont pas des résé- das, des œillets ou des roses que Ton offre aux acheteurs, mais des jeunes filles que des pères intéressés et snobs s'efforcent de montrer à de riches fiancés.

Les fleurs sont bien forcées de se laisser faire, mais les jeunes filles et même les jeunes femmes résistent par- fois, telle cette charmante Germaine Garretier, qui refuse énergiquement d'épouser le jeune fils morphi- nomane, ivrogne et tricheur du richissime banquier Gauwel, que son père lui destinait bien gentiment, dans l'espoir d'en faire une femme heureuse et fortu- née, et par surcroit, de se tirer lui-même d'une fâ- cheuse impasse.

La pauvre Germaine n'a pourtant guère le droit de se montrer difficile, elle est divorcée; son mari, le grand couturier Adolphe Lesca qui l'avait épousée pour parer ses thés-choix — les thés choix ! Pourquoi pas, nous avons bien les cacaos-causeries et les thés-bridges ! — d'un ravissant et légitime mannequin, l'ayant aban- donnée après quelques années de mariage pour s'enfuir dans les Amériques avec une riche personne, M^^ Es- ther de Saint-Mesgrin, « reine des jumenteries ».

Mais Germaine est fière : ces marchandages la révol- tent, et puis, elle aime son cousin Georges Garretier- Perrot, un cerveau brûlé qui fait du socialisme au Par- lement, et elle se laisse enlever puis épouser par lui. Et comme Georges Garretier-Perrot a le bon esprit et la bonne fortune de se faire nommer ministre, le ressen- timent du père s'apaise brusquement, et la famille se trouve réunie à la grande joie de la tendre et mouton- nière maman de Germaine- Cet aimable roman se déroule à Senlis, dans des milieux épris de sports élégants; on y joue au golf, on y fait courir des lévriers, et les snobs y régnent. Ces snobs, M. Marcel Boulenger, qui les connaît à merveille, les raille avec beaucoup d'esprit et de mesure, — une mesurejque, pour mon compte, je ne saurais pas garder