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246 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

phlets officiels »; ceux que M. Albert de Bersaucourt a voulu étudier, ce sont les autres, ceux qui émanent d'inconnus, de simples spectateurs qui jugèrent bon d'intervenir dans la querelle littéraire ou d'exposer leur mécontentement de l'attitude poétique de Vic- tor Hugo.

Ils furent extraordinairement nombreux, souvent plats et stupides, mais parfois d'une combativité spiri- tuelle et amusante; ils sont, en tous cas, toujours significatifs, et ces torrents de proses et de vers, lancés par d'obscurs inconnus qui n'espéraient même pas la gloire, mais qui voulaient seulement assouvir leur ran- cune contre un grand poète, offrent pour l'histoire du romantisme en France un bien précieux et bien pitto- resque document.

EDMOND PILON

La Fontaine.

M. Edmond Pilon publie, dans la Bibliothèque française, des textes choisis et commentés de La Fon- taine. Le livre est tout à fait agréable et charmant, il ne s'adresse pas, nous dit M. Edmond Pilon, unique- ment à une élite, — je l'espère, pardieu bien ! — ce serait méconnaître notre « bonhomme » que de réserver le choix de ses pages aux lettrés. « Il est pour tous les esprits et pour tous les âges », pensait déjà Voltaire en son temps. Et Taine, plus près de nous, disait avec conviction : « C'est La Fontaine qui est notre Homère. D'abord, il est universel comme Homère. » La raison de cette universalité n'est point toute dans la malice du trait, la véracité des peintures des caractères, mais encore elle est dans un attachement constant à la nature. Il n'est pas seulement de chez nous comme Rabelais, Molière, Voltaire, par le fait qu'il éleva vers