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258 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

il savait en faire revivre les héros et les mœurs avec une érudition d'une sûreté, d'une précision, d'une étendue merveilleuses. Sur des bases si solides, son imagination vertigineuse pouvait broder les fictions les plus extraor- dinaires, ces fictions restaient toujours aussi vraies, plus vraies, plus vivantes, que la froide histoire.

C'est d'un intérêt prodigieux; le grand Dumas n'a rien écrit de plus amusant, de plus poignant que l'his- toire de cette lutte héroïque et sombre entre les châte- lains de Bannes et ceux de Primelles. Il n'a pas évoqué de figure plus sombre que celle de cet odieux et incom- parable Florimond, de coquine plus pittoresque que Julie, la marquise drapière, d'amoureux plus chevale- resque que le baron Louis Antoine, d'héroïne plus touchante que la courageuse et douce Catherine.

ABEL HERMANT

Le Second Tournant.

M, Abel Hermant nous racontait, l'année dernière, une série d'histoires dialoguées qu'il avait appelée, vous vous en souvenez, le Premier Pas; ce premier pas, qui avait presque toujours les allures d'un faux pas, devait conduire ses personnages dans des voies assez scabreuses que nous révèle le Second Tournant.

Le volume que M. Abel Hermant a publié sous ce titre n'est d'ailleurs pas la suite du « Premier Pas », mais simplement son pendant. Les personnages sont tout à fait différents, leurs aventures n'ont aucun rap- port; elles ont pourtant un air de famille, c'est vous dire que la morale courante s'y trouve traitée avec désinvolture, et que l'esprit dont elles pétillent ne va pas sans quelque cynisme.

Quel esprit, par exemple ! Et comme ces histoires