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AOUT-SEPTEMBRE. — HISTOIRE, LITTÉRATURE, ETC. 287

élan. En politique, conservateur et frondeur à la fois, il a mis dans ses pièces un gi'ain de libéralisme bour- geois : il soutient le trône en raillant les Chambres et les ministres. »

Tout cela est très vrai, et nous savons aussi que dans l'œuvre dramatique de Scribe le style est faible, sou- vent incorrect, que le fonds d'idées dont il a tenté le développement est fort peu original, l'observation des mœurs superficielle, l'analyse des caractères presque toujours fort insuffisante, et que son grand, son seul mérite, c'est l'habile conduite de l'action. Il a tiré de ses œuvres une popularité passagère et beaucoup d'argent, mais aux dépens d'une gloire durable.

C'est évidemment très fâcheux, mais, tout en recon- naissant ses défauts, l'indigence lamentable de son style et de sa pensée, je trouve tout de même qu'on est bien sévère pour Scribe, notamment lorsqu'on lui reproche d'avoir, au théâtre , « couru après le succès et l'argent » : cette course me paraît le plus légitime du monde et, au demeurant, elle n'a jamais cessé d'être en lionneur...

PAUL BOURGET

Le Tribun. <( Chronique de l'an 1911. »

Cette « chronique de l'an 1911 », M. Paul Bourget en fixe la portée dans une préface adressée à M. Charles Maurras. Le Tribun n*est pas seulement une pièce de théâtre, c'est aussi, c'est surtout, l'affirmation d'une théorie politique et historique, celle du traditionalisme que l'académicien soutient avec tant d'énergie dans ses œuvres. Il souhaite que sa pièce réalise ce double programme « d'être une chronique vivante de cette époque-ci, et de faire penser, d'avoir cette valeur histo- rique et cette portée ».