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NOVEMBRE. — LES ROMANS 333

petite fille. Il a tenté encore de se replonger dans ses livres, dans ses pensées. Mais, c'est fini, il est perdu, il a sombré dans la chair, il a aimé son enfant comme les êtres qui rampent, comme les êtres qui broutent; demain, il ne sera plus qu'une chose qui aime; il est chassé du ciel des élus, du ciel des grands solitaires qui scrutaient la nature du Nombre et du Mouvement, du grand penseur romain qui méditait dans la nuit sur la nature des choses, des grands moines vraiment morts à tout amour créé et dont la foi non informée en charité cherchait le sens de Dieu et non pas son amour. C'est « la chute »...

Ai-je su, en ces quelques lignes, — où j'ai d'ailleurs assez souvent passé la parole à l'auteur, — vous don- ner une idée de la grandeur, de la beauté de ce drame pathétique? Je n'en suis pas très sûr, mais si j'ai pu du moins vous faire soupçonner qu'il y avait là une œuvre très belle, d'une pensée vaste et profonde, exprimée en un noble langage, je me tiendrai pour satisfait.

CHARLES-HENRY HIRSCH

Le Sang de Paris.

Le Sang de Paris est un livre considérable : l'écri- vain a voulu qu'il marquât une étape décisive dans la carrière que jalonnent Eva Tumarche et ses amis, cette manière de chef-d'œuvre, la Demoiselle de Comédie^ et Nini Godache pour ne citer que ces trois beaux livres entre tant d'autres. H a cette fois haussé le ton, élargi sa manière : ce n'est plus une de ces images à l'eau- forte dont nous avons dit souvent la puissance et l'âpreté, c'est une vaste fresque, et pour employer le familier langage des rapins « une grande machine » où palpite et grouille le peuple de Paris.

19.