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NOVEMBRE. LES ROMANS 335

a fait une maman. Cette gamine a deviné la mission grave pour quoi elle a la première dormi dans le berceau où, après les trois garçons qui s'y étendirent successive- ment, couche à son tour la petite Berthe avec sa poupée de bois; et elle accepte cette mission comme une petite héroïne. Pour défendre, pour élever les cinq enfants qui lui furent confiés, elle déploie toute seule, contre tous, contre le père lui-même, que la mort de sa femme a dévoyé, des trésors de vaillance, de volonté, d'intelli- gence; elle est admirable cette « enfant héroïque en qui coule le sang de Paris », et l'histoire de ses trois ans de lutte, de travail, d'humble courage est vraiment pathé- tique et belle et ressemble fort à un chef-d'œuvre. Elle suffirait à placer très haut le livre tout entier où M. Charles-Henry Hirsch a « voulu glorifier cet héroïsme quotidien des humbles d'où naît l'universel rayonne- ment de la cité ».

GEORGES COURTELINE

Les Linottes.

Après un long silence, M. Georges Courteline nous revient avec un livre tout neuf, paré d'une jolie couver- ture et d'un gracieux titre : Les Linottes. C'est un vérita- ble événement que cette rentrée en scène d'une grande vedette de l'esprit parisien et de l'esprit français, un événement attendu avec impatience, avec anxiété aussi. Comment allions-nous retrouver notre Courte- line après un si long temps passé sans le lire? Un peu changé? Envahi par la sagesse morose?

Nos craintes se sont vite dissipées : c'est bien le Courteline de Boubouroche qui nous raconte « les Linottes », ces oiseaux étourdis et dépourvus de juge- ment qui, sur la couverture, s'ébattent en un vol éperdu