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336 LE MOUVEMENT t,ITTÉRAIRE

autour des ailes des moulins de Montmartre ou qui, mués en une Parisienne aux pieds menus et cambrés, descendent la butte d'un pas désinvolte.

Tête de linotte, Robert Gozal, le poète qui aime éper- dument Marthe Hamiet et la trompe sans vergogne avec Anita, la blanchisseuse, et se désespère de cette « erreur »; tête de linotte, Hour, le musicien, prix de Rome, s'il vous plaît, dont la carrière se résume en deux mornes chutes : Servage, épopée tragique, repré- sentée à rOpéra, et intentionnellement traitée en opé- rette; la Main chaude, opérette bouffe, jouée aux Fo- lies-Dramatiques, et débordante d'âpre érudition et d'insipide solennité; ce musicien est complété par une amie, la jeune Hélène, voyou enjuponné de dix-sept à dix-huit ans qui lui fait endurer les pires tourments et qu'il répudie définitivement au moins trois ou quatre fois par mois. Tête de linotte encore, Hamiet, ce gros homme toujours à l'affût de quelque trouvaille abra- cadabrante : « de même la mission d'un arbre fruitier est de porter des noix, des cerises ou des pêches, de même la mission d'Hamiet était de porter des idées, toujours inappliquables, il est vrai, mais toujours ori- ginales, puisées aux sources, aux seules sources d'une imagination délicieusement absurde ».

Linotte toujours, Gûtlight, bailleur de fonds de Hamiet, qui présente à l'observateur « l'image d'un homme qui joindrait la passion du jeu de tonneau à l'art de toujours mettre à côté de la grenouille. Né et grandi à même les lingots paternels, il marche vers la noire purée d'un pas tranquille et sûr de soi, par un chemin que borde, main tendue, une double haie d'es- crocs, de faiseurs, de rêveurs ». Linottes, tous ces per- sonnages, tous ces rêveurs, tous ces amoureux et toutes leurs victimes. Hs s'ébattent dans le livre de Courte- line et nous donnent la plus spirituelle, la plus invrai- semblable et la plus vraie des comédies; nous nous amusons follement, nous sourions, parfois nous rions