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350 LE MOUVEMENT LITTERAIRE

cadavres dans sa vie, et « pourtant, il n'était ni plus égoïste ni plus méchant que les autres hommes, sim- plement une fatalité pesait sur lui, supérieure à sa volonté, et seulement parce qu'un soir un bohémien était passé au fond d'un village perdu ».

MARC ELDER

Marthe Rouchard, fille du peuple.

Marthe Rouchard, fille du peuple, est une gracieuse jeune fille de dix-sept ans, à la blonde beauté, fille affinée, instruite, d'un brave ouvrier, Francis Rouchard et de sa femme, jadis gracieuse midinette, aujourd'hui grasse ménagère occupée aux soins de son logis et à la lecture des romans feuilletons.

Le père et la mère sont en extase devant la jeune fille qu'ils ont voulu instruire, élever; elle fréquente une pension presque élégante, elle a son brevet élémentaire et prépare son brevet supérieur. Francis Rouchard dépense sans compter le salaire honorable que lui vaut sa situation de chef monteur à l'usine pour embellir et parer Marthe ; sa mère, en admiration, elle aussi, est la servante de cette petite bourgeoise, lorsqu'une catas- trophe vient bouleverser ce paisible ménage : au cours d'une grève qu'il n'approuvait pas, Francis Rouchard a été pris dans une charge de cavalerie, écrasé sous les sabots des chevaux.

Tout de suite le parti ouvrier s'empare de son cada- vre, ses obsèques sont l'occasion d'une grande mani- festation socialiste, et Marthe, impressionnée par les déclamations de Marcel Bargeois, l'organisateur de la grève, sent s'éveiller en elle la haine irraisonnée du patronat, du capital, le désir des vengeances.

Elle est à merveille servie par les événements.