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NOVEMBRE. — LES ROMANS 351

Charves, le patron, est un brave homme, jeune encore, qui décide de donner à la jeune fille la seule aide que puisse accepter sa dignité hostile : il lui offre une place, lui confie l'instruction de son fils Hubert, un petit gar- çon de dix ans dont la mère est morte. Et voilà Marthe dans la place ; peu à peu elle se rend compte de l'impres- sion profonde produite sur le maître par &a beauté; elle se sait aimée, et, confusément, elle comprend qu'elle va pouvoir faire souffrir le riche, l'ennemi. Elle quitte sa maison et accorde sa main à Marcel Bar- geois.

Mais Charves, éperdument épris, ne peut se faire à l'idée de cette séparation, il offre à Marthe de l'épou- ser, et celle-ci reprenant sa parole à son fiancé, épouse l'industriel. C'est la victoire; elle fait souffrir à son mari mille tourments de la jalousie, s'ingénie à le ruiner en de folles dépenses, et s'allie à Bargeois devenu un grand chef du parti ouvrier pour fomenter une grève qui sera fatale dans l'usine de son mari.

Entre temps elle a été séduite par le charme juvénile d'Hubert, son élève d'autrefois, et le malheureux Charves la surprend certain soir tragique dans les bras de son fils; il s'enfuit, court à son usine en pleine révolte et se laisse assassiner par ses ouvriers. Hubert s'enfuit lui aussi, et disparaît.

Et Marthe veuve, à peu près ruinée, ne songe plus ni I la fortune perdue, ni à ses haines sociales, elle pense obstinément, désespérément à l'adolescent disparu, et lui crie son amour dans des lettres passionnées qui ne lui parviendront pas.

Telle est cette histoire, dramatique, émouvante, où vous pouvez découvrir sans effort un sens philosophi- que et social.