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NOVEMBRE. LES ROMANS 355

lisons cette phrase : « Notre vie est comme une grotte profonde à l'entrée de laquelle nous sommes debout, le dos tourné à la lumière. Au dehors est la vérité, et dans ce royaume passent des cortèges merveilleux. Ces cortèges, nous ne pouvons les voir, et leurs ombres seules se découpent à nos yeux sur le fond de la grotte. C'est la suite de ces images déformées que nous appe- lons la vie... »

Et c'est l'histoire de Willem si merveilleusement doué pour la peinture, qui, sous l'égide du grand artiste français Rondat, quitte sa Hollande et s'en va étu- dier son art à Paris. Des déboires sans nombre l'y attendent : misères de cœur et misères d'argent; il est renié par sa famille, abandonné par sa fiancée, humi- lié affreusement par une jeune fille qu'il aime; il doit, pour vivre, composer dans l'ombre des chefs-d'œuvre que d'autres signeront, et il comprend enfin combien cette lutte est vaine, il dit adieu à la vie menteuse et à ses « ombres », il retourne vers la lumière : il entre au cloître et se fait moine.

JEAN MELIA

Le Triomphe de l'argent.

Le Triomphe de l'argent ! M. Jean Melia nous démontre, dans son roman, que rien ne saurait l'em- pêcher, et qu'avec un nombre suffisant de millions, on est armé contre les plus effroyables circonstances. Ce n'est pas très moral. Je ne crois pas non plus que ce soit très exact, et j'espère que M. Jean Melia n'en est pas lui-même bien convaincu.

L'histoire qu'il nous conte est cependant une très persuasive illustration de cette thèse fâcheuse. Voici : Justin Bécard est un richissime filateur, il possède