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370 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

d'épithètes : ce livre, vous Tavez lu, et tout Paris avec vous, page par page, dans ces délicieux « Courriers de Paris », que le Figaro a l'heureux privilège de vous apporter chaque lundi. Ces pages hebdomadaires, qui sont d'un grand journaliste, sont aussi. d'un bel écri- vain; en les discutant dans la fièvre des événements autour desquels elles sont nées, on se disait qu'elles valaient mieux que l'éphémère destinée d'un article de journal, on pensait au beau livre ainsi dispersé. Ce beau livre, le voici.

Je viens de le lire, ou plutôt d'en relire chaque page, et je suis sous le charme : on ne saurait, en vérité, parer le bon sens de plus d'attrait et de séduction, on ne sau- rait avoir raison avec plus de grâce et d'esprit. Ces pages si spirituelles, si alertes, si vives, où les mots partent en fusée, où chaque trait porte à coup sûr, où les nuances sont ménagées avec un art extrême, sont divertissantes; mais elles ne sont pas que divertis- santes : elles sont aussi merveilleusement expressives de l'esprit français, un peu las des paradoxes, des équi- voques cultivées et des dangereuses chimères pour- suivies depuis des années en art, en littérature, en politique, épris de vérité et de santé, qui veut être Français et qui n'a pas honte de le proclamer...

Mais, je m'arrête; je sens que, pour un peu, je tom- berais dans la « réaction ». Je m'y trouverais, d'ailleurs, en bonne et nombreuse compagnie, puisque c'est être réactionnaire de considérer avec Alfred Capus que le suffrage universel n'est peut-être pas l'origine de tout droit et de toute justice; de se méfier des gens qui réclament avec insistance une morale nouvelle et à qui l'ancienne ne suffît plus; de mépriser tout ce qui est criard, de n'être ni impressionniste, ni « temps nou- veaux », ni « droit au bonheur ». J^ vous le dis en vérité, la France tout entière sombre dans la réaction...