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DÉCEMBRE. — LES ROMANS 385

MICHEL PROVINS L'Art de rompre.

Quand on élira le « prince du dialogue », je pense qu'il n'y aura pas de longues contestations et que la couronne sera tout de suite, et d'un consentement unanime, décernée à Michel Provins : il excelle vraiment dans ces drames rapides, dans ces brèves comédies nouées et dénouées avec tant de bonne grâce et d'adresse, et ses dialogues sont des modèles du genre. UArt de rompre ne déparera 'pas la collection. Les dialogues groupés sous ce titre sont tout à fait divertissants, et ils ont du mérite à l'être, car M. Michel Provins a choisi un sujet qui pourrait être très facilement pénible et déplaisant; il a joué la difficulté et il a gagné brillamment.

Le héros dont nous vivons les aventures, Maurice Durèze, est en effet un Don Juan qui tient essentielle- ment à ne point s'attarder dans les bonnes fortunes et qui, par un malheureux hasard, excite des passions d'une qualité éternelle. Comme, d'autre part, il déteste les scènes, les histoires, les rancunes, son art consiste, lorsqu'il en a assez, à faire prendre par son amie la fatale détermination; elle s'en va désespérée et recon- naissante à l'homme qui a eu la grandeur d'âme de la laisser partir.

Pour arriver à un tel résultat, il convient parfois de n'être pas très scrupuleux, et Maurice Durèze ne craint pas d'avoir recours à des moyens assez déplaisants qui vont de la police à l'hygiène, en passant par l'hypno- tisme; tranchons le mot : ce don Juan, ingénieux à garder le beau rôle, est un simple mufle; seulement, Tart de Michel Provins a réussi à le rendre bien amusant.

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