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28 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

une dépêche l'a appelé au Grand Saint-Bernard : Thérèse, victime d'un accident de montagne, agonisait à l'hospice. Avec sa petite fille, Marc s'est rendu auprès de la blessée que des soins ont pu rappeler à la vie et sauver, et, après une lutte pathétique, il s*est décidé à pardonner : sa femme rentre au foyer ranimé. C'est après le « triomphe de l'amour », le « triomphe de la vie ».

Cette histoire dont je ne vous ai donné qu'une informe et schématique impression, est très belle; j'en ai beaucoup aimé la généreuse inspiration : en même temps qu'elle proclame la divine nécessité du pardon, la noblesse des paroles qui suppriment l'irréparable, qui « effacent comme la neige tombée sur les empreintes des pas »; elle affirme la victoire de la vie, de « la vie sans cesse agissante, dure et volontaire comme une troupe en marche, et qui du passé même se sert comme de matériaux pour reconstruire, la vie avec son besoin d'ordre et son éloignement naturel pour tout ce qui bouleverse cet ordre, ses possibilités de grandeur et de perfection, son éternelle poursuite de la paix à travers la guerre. »

ALBERT BOISSIÈRE

Le Jeu de flèches.

Le Jeu de flèches, dont M. Albert Boissière nous conte les émouvantes péripéties, c'est le jeu cruel et vieux comme le monde auquel se livre un certain petit dieu nommé Eros avec, comme partenaires, — ou plutôt comme adversaires — les belles dames qui passent et les hommes qui les regardent sans penser à mal.

Les facéties burlesques ou terribles du dieu malin ont tant de fois, et depuis si longtemps, sollicité la