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FÉVRIER. — LES ROMANS 29

verve et rimagination des romanciers qu'il est assez difficile d'éviter la banalité dans le récit de ses méfaits. Ce péril, M. Albert Boissière nous a très finement indiqué qu'il le connaissait en plaçant au prologue et à l'épilogue de son roman, une gentille statuette en biscuit de Sèvres où le mauvais petit garçon est repré- senté avec tous ses attributs traditionnels : ses ailes dans le dos, son sourire aux lèvres, ses flèches mena- çantes dans sa menotte, et il nous a prouvé une fois de plus que, malgi'é son apparente banalité, cette statue recelait tout le sens de notre pauvre humanité, toutes ses douleurs, toutes ses colères, toutes ses joies.

Il nous a émus au récit des aventures d'Arsène Res- sencourt, qui aime Gisèle Gallais et n'est pas aimé d'elle, qui est aimé de Claire Trefouél et la dédaigne, et qui épouse sans amour Alice Amiot; et ce sont encore, mêlés au drame, Bourgueil, le peintre, et Roger Parot, fantoches très humains que l'amour fait mouvoir et gesticuler douloureusement. Tous et toutes ont reçu leur flèche, mais le tireur maladroit et méchant s'est chaque fois diverti à viser de travers, à percer et à meurtrir des cœurs qu'il eût, avec un peu plus de justesse ou de bienveillance, si délicieusement bles- sés. C'est l'éternelle histoire que nous détestons, et que toujours nous voulons revivre. M. Albert Bois- sière l'a évoquée en un roman où il y a de la passion, de la douceur et de la résignation, écrit dans une langue agréable et familière.

PIERRE GOURDON

Les Courtagré.

Le roman de M. Pierre Gourdon est un de ces livres où, très simplement, les traditions de la famille, de la

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