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30 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

race, de la terre, sont exaltées. On peut différer d'opi- nion sur les moyens, on peut ne point admirer com- plètement la fidélité à des traditions d'autrefois, et revendiquer pour les fils le droit à des convictions qui ne furent pas celles de leur père, mais le principe lui- même, le culte de la famille et de la terre ancestrale est, entre tous, respectable et sacré.

Ce culte, il domine tout le roman de M. Gourdon : les épisodes, émouvants d'ailleurs, qui l'animent; les soufi'rances de Marguerite de Courtagré, jalouse de Delphine de Scrmaise qu'elle croit éprise de son mari Henri, les aventures d'Hubert, toutes ces histoires de famille provinciale évoquées avec beaucoup de couleur et de pittoresque, ne sont que l'accessoire; le drame est tout entier dans cette question angoissante : le domaine de Courtagré s'en ira-t-il en lambeaux ou bien cette terre restera-t-elle unie, solide, autour du chef de la famille, du gardien du nom? C'est la dernière hypothèse qui prévaut après des péripéties drama- tiques, contées très simplement et c'est, au dénoue- ment, la victoire du domaine, le salut de la famille.

MADAME BOUYER-KARR

Pauvres diables.

M "^6 Bouyer-Karr, dont j'ai loué, à plusieurs reprises, le robuste et copieux talent, la fruste originalité, publie, un roman : Pauvres diables, où je retrouve les qualités et aussi le très intéressant défaut qui constituent sa personnalité ; ce défaut — trop rare défaut ! — c'est une étonnante abondance d'imagination qui entraîne l'auteur dans l'invention d'une foule de péripéties parmi lesquelles il n'a pas le souci de choisir.

La plupart de ces incidents, de ces dramatiques