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MARS. LES ROMANS 57

Après trente mille ans de luttes, leurs ancêtres ont compris que le minéral vaincu pendant des milliers d'années par la plante et la bête prenait une revanche défmitivp. Ils ont compris que l'humanité devait périr par la sécheresse, et tous ils se sont résignés, tous, sauf un, Targ, qui aime la belle Éré et qui voudrait vivre. Il accomplit des prodiges surhumains pour retrouver l'eau souveraine ; mais ses efforts, un instant couronnés de succès, demeurent vains : il voit disparaître ses der- niers compagnons, sa bien-aimée, et enfin il n'y a plus qu'un seul homme sur la terre, et cet homme, las de lutter, s'étend dans l'oasis; c'est la fin, et c'est la « mort de la terre ».

Je ne puis vous exprimer tout ce qu'il y a de noblesse, de grandeur dans ce roman rapide, poignant, formi- dable, où les hommes et les choses sont si fantastiques, si prodigieux, si différents de nous, évoqués cependant, décrits par M. J.-H. Rosny aîné avec une minutie scru- puleuse, inflexible; on ne saurait mettre plus de vérité dans l'imagination : c'est du merveilleux scientifique, et c'est vraiment une très belle chose.

LÉON DAUDET

Ceux qui montent.

Dans ce « roman contemporain », M. Léon Daudet évoque le grand drame encore secret, et cependant visible, latent, et pourtant formidable qui vaut non seulement pour Montmartre, mais encore pour Paris tout entier, les principales villes et les grands bourgs de France, et qui pourrait s'intituler : « l'Irruption de la génération nouvelle. » Cette génération, M. Léon Daudet la voit accomplissant la même évolution que lui, gagnée aux idées qui sont les siennes.