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MARS. LES ROMANS 59

j'avais employé jadis, à propos d'un roman du même auteur, celle d'édifiant, qu'il prit, à juste titre, pour un compliment, se félicitant d'édifier en une époque où tant de gens s'occupent à démolir.

Donc M. René Bazin poursuit dans son nouveau livre un véritable apostolat; il exalte l'idéal chrétien en butte aux persécutions laïques, et ceux-là mêmes qui ne partagent point ses idées devront s'incliner devant son ardente et simple sincérité. Ils apprécieront aussi l'intérêt de ce roman aux lignes harmonieuses, à l'allure intime et familière.

M. René Bazin a situé le conflit dans le cadre où il se poursuit le plus âprement, le plus douloureusement, sur le dos — sur l'âme — des pauvres innocents : à l'école. Davidée Birot est une jeune institutrice adjointe, fille d'un penseur libre, farouche, ancien tail- leur de pierres qui est devenu riche et qui exerce une redoutable influence politique.

Elle a donc, vous voyez, tout ce qu'il faut pour réus- sir; seulement, l'éducation reçue a produit des effets inattendus : cette institutrice laïque est chrétienne pro- fondément, et elle se signale à la vindicte par une fré- quentation assidue à l'église et par son dévouement à certaine petite déshéritée de sa classe, la pauvre Anna Le Floch, qui se meurt de sa situation douloureuse entre sa mère Phrosine et un homme qui n'est pas son père, Maïeul Jacquet. Davidée ne parvient pas, malgré ses efforts, à sauver cette enfant, mais du moins, courageu- sement, bravant tous les périls, elle aura sauvé une âme, celle de Maïeul Jacquet, ramenée par elle à la foi et elle aura aussi, à la suite de péripéties émouvantes, assuré leur bonheur à tous les deux, car il l'aime et ils s'épouseront.