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MARS. LES ROMANS 63

frances pudiques qui minent un être », et, malgré les craintes qu'il exprime dans sa préface, « cette œuvre patiente et triste de dissection » passionnera, je crois, le lecteur. C'est qu'il est en réalité peu de drame plus poignant que celui du doute s'infiltrant sournoisement dans un cœur; à ce mal il n'y a pas de remède; lorsqu'il a pénétré dans la place, la place est perdue et tout doit s'écrouler.

L'histoire de Jacques Elbeuse, le grand écrivain, et de sa femme Daisy, est un de ces drames du doute, né d'un hasard, d'une circonstance malheureuse, et que rien désormais n'arrêtera plus dans son œuvre de des- truction. Je ne vous raconterai pas ce drame tout en nuances : il vous paraîtrait, dans cette rapide analyse, trop simple et même artificiellement combiné en vue d'une thèse, alors qu'en réalité rien n'est plus vrai, plus humain que cette tragédie intime.

JEAN BERTHEROY

Le Frisson sacré.

Le nouveau livre de M"^^ Jean Bertheroy est un (( roman moderne »; ses héros ne portent ni l'ample toge des Latins ni les robes somptueuses de l'antiquité orien- tale; ils sont vêtus comme de simples bourgeois de nos jours. Vous trouverez cependant parmi eux une jeune fille tout à fait digne des héros antiques de Jean Ber- theroy : elle n'a pas l'habit d'une Romaine, mais elle i n a l'âme. C'est Hélène Nortillet, l'une- des filles du \ ioux professeur à la Faculté des lettres d'Aix, qui fut, ' omme ses sœurs, élevée très pratiquement, très bour- geoisement. Ses parents savent ce qu'il en coûte d'être un artiste : le grand-père, sculpteur au génie incompris,

f fait vivre à sa fille, M'"^ Nortillet, une vie de misère,

(raniroissf's et de privations.