Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

74 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

qiiise de Custine (1770-1826). Le livre est tout à fait délicieux; avec cette bonne grâce familière, ce don de la vie qu'il possède à un si haut degré, l'auteur évoque, en des pages palpitantes, cette existence si étrangement romanesque, commencée avec l'espoir d'un bonheur durable, puis troublée par des drames sans nom, ter- minée enfin dans la souffrance et dans le désespoir. C'est l'image définitive, complète, émouvante, de cette amie, de cette victime de Chateaubriand, lequel, pas- sant deux ans après sa mort dans la ville où elle s'était éteinte, ne trouva pas d'autre pensée que celle-ci : « C'est ici qu'a disparu la marquise de Custine qui m'avait voulu du bien. »

L'auteur a cru que le récit de cette existence tour- mentée offrirait à nos contemporains une utile leçon de philosophie, « qu'ils se complairont, peut-être, moins volontiers à gémir sur les malheurs de notre temps lorsqu'ils connaîtront ce qu'a été l'existence d'une femme pendant et après la tempête révolutionnaire, et jusqu'à quel degré de misère morale a pu tomber une créature délicieusement jolie, d'un naturel charmant, qui se croyait destinée à toutes les joies de ce monde, et qui, moins par sa faute que par celle des événements, n'a guère connu de la vie que les pires détresses. »

CHARLES MERKI

La marauise de Verneuil (Henriette de Balzac d'Entragues) et la mort d'Henri IV.

Ce volume, rédigé d'après les mémoires du temps et des documents manuscrits, a tout l'attrait, tout l'agré- ment, d'un roman palpitant d'amour et de politique. Il est dominé par cette figure si française, si amusante^ du Vert Galant, qui, même après le jugement sévèr