Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/158

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les deux hommes qui m’avaient laissé sous sa garde, étaient venus à la ville dans le dessein de se saisir de quelqu’un accusé d’avoir volé la malle du courrier ; qu’ils avaient jugé à propos de mettre la main sur moi en vertu de ce mandat, et qu’ils m’avaient conduit devant un juge de paix : « Ils se sont bientôt aperçus de leur méprise, ajoutai-je, l’homme en question étant un Irlandais, et ne me ressemblant sous aucun rapport ; mais, par collusion entre eux et le juge, ils se croient autorisés à me retenir en arrestation, et même à me conduire jusqu’à Warwick pour me confronter avec mon prétendu complice ; en me fouillant chez le juge, ils ont malheureusement trouvé sur moi une somme d’argent qui excite leur cupidité, et tout à l’heure ils viennent de me proposer de me rendre la liberté, à condition de leur abandonner cette somme. Dans cet état de choses, je vous prie de considérer s’il vous convient de vous rendre l’instrument d’une si basse extorsion ; je me mets à votre merci, et vous atteste sur tout ce qu’il y a de plus sacré la vérité des faits que je vous ai exposés ; si vous voulez favoriser mon évasion, il n’en résultera pas autre chose, sinon que la cupidité de ces vils coquins se trouvera frustrée ; je jure que pour rien au monde je ne voudrais vous exposer à quelque chose qui pût réellement être dangereux pour vous ; mais je ne doute pas que le même esprit de générosité qui vous porte à faire une bonne action, vous donnera aussi les moyens de la soutenir quand elle sera faite ; ceux qui me retiennent n’auront pas plutôt perdu leur proie de