Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/16

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faire. Sur cette invitation, je pris la parole à peu près en ces termes :

« Je suis innocent ; c’est en vain que les circonstances semblent s’accumuler contre moi. Il n’y a personne au monde moins capable que je ne le suis de la chose dont on m’accuse. J’en appelle à mon cœur ; j’en appelle à l’innocence peinte sur mon visage ; j’en appelle à tout ce qui est sorti de ma bouche jusqu’à présent. »

Je crus m’apercevoir que la chaleur avec laquelle je m’exprimais faisait impression sur tous ceux qui m’écoutaient ; mais au même moment leurs yeux s’étant reportés sur les effets exposés devant eux, il se fit un changement dans leur visage. Je continuai :

« J’affirme encore quelque chose de plus ; M. Falkland n’est pas dans l’erreur ; il sait parfaitement que je suis innocent. »

À peine ces derniers mots furent-ils proférés, qu’un cri général d’indignation s’éleva de tous les coins de la salle. M. Forester, se tournant vers moi de l’air le plus sévère :

« Jeune homme, me dit-il, prenez bien garde à ce que vous faites ; c’est le privilége de l’accusé de dire tout ce qu’il juge propre à sa défense, et j’aurai soin que vous jouissiez de ce privilége dans toute son étendue ; mais vous imaginez-vous que des assertions aussi impudentes et aussi insoutenables puissent tourner sous aucun rapport à votre avantage ?

— Je vous rends grâce du plus profond de mon cœur, lui répliquai-je, de l’avertissement que vous