Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/198

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Mrs. Marney étaient fidèlement rapportés, et on y avertissait le public de se tenir bien en garde contre un individu d’un extérieur étrange, et qui vivait d’une manière recluse et solitaire. Cet écrit m’apprenait aussi que l’on avait fait une recherche dans mon dernier logement, le soir même de mon évasion, et que Mrs. Marney avait été envoyée à Newgate, comme accusée d’avoir recélé un criminel. Cette dernière circonstance me navra le cœur. Mes propres souffrances n’affaiblirent pas en moi le sentiment de la compassion. C’était une idée bien déchirante et bien insupportable de sentir que l’implacable persécution dont j’étais l’objet ne se bornait pas à ma personne ; mais que ma seule approche était contagieuse, et entraînait dans ma ruine quiconque prétendait me secourir. Je crois que j’aurais consenti à me livrer à toute la rage de mes ennemis, si j’avais pu sauver par là une heure de souffrance à cette excellente femme. J’ai appris dans la suite que Mrs. Marney avait obtenu sa liberté par l’entreprise de cette femme de qualité qui était sa parente. L’émotion que me causa l’infortune de Mrs. Marney ne fut pourtant qu’un sentiment passager. Une considération plus impérieuse et plus irrésistible appelait toute mon attention.

Que de réflexions je fis sur cette page qui me dénonçait au monde entier ! Chaque mot me glaçait d’effroi. Il eût peut-être été moins horrible pour moi de tomber entre les mains de la justice. Au moins cet événement, qui était l’objet de toutes mes craintes, eût mis un terme à cette fièvre de terreur dont