Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/242

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tumée à regarder les moindres souvenirs de son père avec une grande vénération, et c’était ainsi que le nom de M. Falkland était associé dans son esprit avec les sentiments de la plus haute estime.

Le lieu où j’étais avait peut-être pour moi plus de charme qu’il n’en aurait eu pour toute autre personne d’un esprit cultivé au même degré que le mien. Souffrant encore des traits cruels de la persécution et du malheur, saignant de presque toutes les veines de mon corps, le repos et la tranquillité étaient pour moi le premier des biens. Il me semblait que toutes mes facultés épuisées par une tension surnaturelle, étaient tombées, pour l’instant, dans une sorte d’affaissement qui leur rendait indispensable un intervalle de repos.

Cette disposition d’esprit ne fut pourtant que momentané. J’étais doué naturellement d’une grande activité ; les peines que j’avais eu à endurer avaient probablement beaucoup ajouté à l’énergie de mon âme. Je sentis bientôt le besoin de quelque occupation forte et attachante. Le hasard me fit alors découvrir, dans un coin obscur, chez un de mes voisins, un dictionnaire général de quatre des langues du Nord. Personne ne savait comment ce livre se trouvait là. Je l’achetai et l’emportai chez moi comme une conquête. Cette circonstance décida le sujet de mes méditations. Dans ma jeunesse, je m’étais un peu occupé des langues. Je me déterminai à entreprendre, ne fût-ce que pour mon usage, une analyse étymologique de la langue anglaise. Je m’aperçus bientôt que ce genre d’application