Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/251

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vous me la représentez… Est-il possible, si vous n’êtes pas coupable, que vous ne m’ayez pas informée de votre histoire ? Deviez-vous me la laisser apprendre par hasard, au risque de paraître encore plus coupable que vous n’êtes ? Que vous soyez honnête, je le veux bien ; mais vous ne passez pas pour tel aux yeux du monde : deviez-vous m’exposer à introduire, sans le savoir, un homme de votre réputation parmi mes enfants ? Allez, monsieur, je vous méprise, vous êtes un monstre et non un homme. Je ne sais si je me laisse égarer par ma position personnelle ; mais ce dernier trait est pire à mes yeux que tous les autres. La nature m’a créée la protectrice de mes enfants ; je n’oublierai jamais l’ineffaçable offense que vous avez commise contre eux. Vous m’avez blessée au cœur : vous m’avez appris jusqu’où peut aller la méchanceté de l’homme.

— Madame, je ne puis plus longtemps me taire ; je vois que, par un moyen ou un autre, vous avez entendu parler de l’histoire de M. Falkland.

— Oui, je m’étonne que vous ayez l’effronterie de prononcer ce nom, qui est celui du plus noble, du plus vertueux, du plus généreux des hommes.

— Madame, je me dois à moi-même de vous éclairer à ce sujet. Ce Falkland…

M. Williams, je vois revenir mes enfants : la plus lâche de vos actions est de vous être rendu leur précepteur. J’exige que vous ne les voyiez plus. Je vous ordonne de vous taire ; je vous ordonne de vous éloigner. Si vous persistez dans le projet