Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/263

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son pays natal, M. Falkland avait une plantation très-considérable aux Indes occidentales. Cette propriété avait été fort mal régie par la personne qui en avait la direction sur les lieux, et, après grand nombre de promesses et de défaites de sa part, qui servirent bien à amuser pendant quelque temps la patience de M. Falkland, mais qui finirent par ne rien produire, il fut résolu définitivement que M. Collins irait en personne pour remédier aux abus de cette mauvaise administration. Il avait de plus été question qu’il resterait plusieurs années dans l’habitation, si même il ne s’y établissait pas tout à fait. Depuis cette époque, je n’avais pas eu la moindre nouvelle de lui.

J’avais toujours regardé comme une de mes plus cruelles disgrâces son absence dans un moment aussi critique. M. Collins avait été une des premières personnes, à dater même de mon enfance, qui m’eût distingué comme donnant des espérances peu ordinaires, et en conséquence il avait contribué plus que tout autre à encourager mes dispositions et à m’aider dans mes études. Il avait été l’administrateur de la petite fortune que m’avait laissée mon père, et c’était en considération de l’attachement mutuel qui existait entre nous que celui-ci l’avait chargé en mourant de cette mission de confiance ; enfin sous tous les rapports, c’était de toutes les créatures humaines celle à la protection de laquelle je semblais avoir le plus de droits. J’avais toujours pensé que, s’il eût été présent au moment de la fatale crise, il aurait été convaincu de mon