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XLI


Mes sinistres présages se sont vérifiés, et le pressentiment qui m’agitait était prophétique. Je vais raconter une nouvelle et terrible révolution dans ma fortune et dans mon âme.

Après avoir essayé tant de situations différentes qui toutes m’amenaient à des résultats uniformes, je me déterminai enfin à me mettre, s’il était possible, hors de la portée de mon persécuteur, en me bannissant volontairement moi-même de ma patrie. C’était ma dernière ressource pour conquérir la tranquillité, une réputation honnête et ces autres privilèges sans lesquels la vie est sans valeur. « Sous quelque lointain climat, me disais-je, sûrement je trouverai la sécurité nécessaire à une carrière suivie, je pourrai là porter la tête haute, m’associer avec les hommes sans que mon titre d’homme me soit dénié, former des liens et les conserver. » Toute l’ardeur de mon âme se concentra sur ce nouveau plan.

Dernière consolation qui me fut encore ravie par l’inexorable Falkland.

Au moment où je formais ce projet, je n’étais pas éloigné des côtes de l’Est, et je résolus de m’embarquer à Warwick, pour passer immédiatement en