Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/79

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m’enlever ; mais le lieu que j’avais choisi pour mon dépôt échappa à leur vigilance.

Depuis ce jour-là, je laissai passer la plus grande partie de la semaine pour attendre un beau clair de lune. Il me fallait nécessairement travailler pendant la nuit, et il n’était pas moins indispensable que toutes mes opérations fussent consommées entre la dernière visite du soir de mes geôliers et la première du lendemain, c’est-à-dire entre neuf heures du soir et sept du matin. Dans mon cachot je passais, comme je l’ai déjà dit, de quatorze à seize heures sur vingt-quatre sans être dérangé ; mais, depuis que je m’étais acquis une réputation par mon industrie, on avait fait pour moi une exception aux règles générales de la prison.

Il était dix heures, quand je mis la main à l’œuvre pour ma grande entreprise. La chambre dans laquelle j’étais renfermé était assurée par une double porte. Cette précaution était bien superflue, puisqu’il y avait un homme qui faisait sentinelle à l’extérieur ; mais elle était très-heureuse pour mon projet, parce que ces deux portes empêchaient la communication du bruit et me garantissaient assez du danger d’être entendu pour peu que je prisse de précaution. Je commençai par me délivrer des menottes. Ensuite je me mis à limer et mes fers et trois des barreaux qui défendaient ma fenêtre, à laquelle je grimpai en partie par le moyen de ma chaise et en partie à l’aide de quelques inégalités du mur. Tout ceci fut l’ouvrage de plus de deux heures. Quand les barreaux furent limés, il me fut aisé de les forcer un peu hors