Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/81

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était fermé à clef ; mais avec un des anneaux rompus de mes fers, que j’avais eu la précaution de porter avec moi, je n’eus pas beaucoup de peine à ouvrir la serrure. Dès lors j’avais un moyen suffisant de me mettre hors d’état d’être vu, pendant que je travaillais à ma besogne ; et le seul inconvénient que je trouvais, c’était d’être obligé de laisser la porte, que j’avais forcée, un peu ouverte pour avoir de la clarté. Au bout de quelque temps, j’étais déjà venu à bout de démolir une partie assez considérable de la couche de briques du mur ; mais quand j’en vins à la pierre, l’entreprise me parut plus difficile. Le mortier qui liait la maçonnerie, s’étant presque pétrifié, ne cédait pas plus à mes premiers efforts que n’eût fait un rocher du diamant le plus dur. Il y avait déjà six heures que j’étais à travailler sans relâche ; à la première tentative que je fis contre ce nouvel obstacle, mon ciseau se brisa dans mes mains. Après la fatigue que j’avais déjà endurée, rencontrant un dernier obstacle en apparence insurmontable, je conclus qu’il fallait m’arrêter où j’en étais et abandonner toute idée d’aller plus loin. En même temps, la lune, dont la lumière m’avait été d’un si grand secours, s’éclipsa, et je demeurai dans une obscurité totale.

Toutefois, après un répit de dix minutes, je revins à la charge avec une nouvelle vigueur. Il ne me fallut pas moins de deux heures pour arracher la première pierre. Une heure de plus, et l’ouverture fut assez grande pour me permettre le passage. Le tas de briques que j’avais laissé dans la chambre