Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/82

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forte était considérable, mais ce n’était rien en comparaison des décombres que j’avais abattus du mur extérieur de la prison. Je suis sûr que l’ouvrage que j’avais fait aurait été l’ouvrage de deux ou trois jours pour un ouvrier ordinaire qui aurait été muni de tous les outils convenables.

Mais les difficultés, au lieu d’être à leur fin, semblaient ne faire que commencer pour moi. Le jour vint à paraître avant que j’eusse achevé l’ouverture ; dans dix minutes encore les geôliers allaient vraisemblablement entrer dans ma prison et apercevoir tout le dégât que j’avais fait. La ruelle qui joignait le côté de la prison par où je m’étais échappé avec la campagne adjacente, était formée principalement par deux murs de clôture, avec des écuries de côté et d’autre, quelques magasins et un petit nombre de maisons occupées par des familles de la dernière classe du peuple. Je n’avais rien de mieux à faire pour ma sûreté que de traverser la ville le plus tôt possible et de chercher mon salut en pleine campagne. J’avais les bras enflés et meurtris par le travail ; — mes forces étaient épuisées. Je sentais l’impossibilité de soutenir une course rapide, et, quand je l’aurais pu, à quoi m’eût servi toute ma vitesse avec un ennemi qui me serrait de si près ? Il me semblait que je me retrouverais à peu près dans la même situation où j’avais été cinq ou six semaines auparavant, lorsque, après avoir accompli tout à fait mon évasion, je m’étais vu obligé de me rendre sans résistance à ceux qui me poursuivaient. Je n’étais pourtant pas actuellement hors d’état de marcher