Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/168

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les personnes auprès desquelles elle se trouva être placée vinrent à bout d’obtenir de madame Tyrrel, qu’elle reçût cette jeune orpheline dans sa maison. Dans l’équité, peut-être celle-ci avait droit à cette portion de fortune dont sa mère avait été privée par son imprudence, et qui était allée grossir la part de la ligne masculine. Mais cette idée n’était jamais venue dans la tête ni de la mère, ni du fils : madame Tyrrel s’imaginait faire un acte signalé de bienfaisance, en donnant à miss Émilie, dans sa maison, une sorte d’état amphibie, qui n’était pas précisément un état de domesticité, mais qui n’était pas non plus celui qu’aurait pu attendre une personne de la famille.

Cependant cette jeune demoiselle n’avait pas été d’abord dans le cas de sentir toutes les mortifications auxquelles sa situation pouvait l’exposer. Mme Tyrrel était impérieuse et hautaine, mais n’avait pas un mauvais cœur. La femme qui