Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeune gentilhomme a avait toujours quelqu’indisposition de commande, pour se dispenser de les écouter, ils n’auraient eu pour l’ordinaire rien à faire au logis, sans la présence de miss Melville. Madame Tyrrel encouragea donc pour cette raison les études d’Émilie ; ajoutez à cela qu’elle imaginait que cet exemple de docilité et d’instruction agirait indirectement sur son cher Barnabas, comme un appât pour l’engager à s’instruire , seul genre d’aiguillon qu’elle se permît d’employer avec lui.

À mesure qu’Émilie vint à croître en âge, elle développa une extrême sensibilité, qualité qui aurait été, dans sa situation, une source de peines continuelles, sans la grande douceur de son caractère. Elle était loin d’être ce qu’on peut appeler une beauté. Sa taille était petite et commune, son teint un peu brun et son visage assez marqué de petite vérole pour avoir perdu son poli et sa fraîcheur, mais non pas assez pour avoir