Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/46

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ces adorateurs, dont les vœux étaient pour sa belle maîtresse une source de jouissances, étaient, pour lui un supplice perpétuel. Plaçant tout son honneur dans la possession de cette beauté impérieuse, il s’alarmait des moindres circonstances qui lui semblaient porter atteinte à la sûreté de ses prétentions ; mais, par-dessus tous, le jeune anglais était l’objet de sa jalousie. Le marquis Pisani, qui avait passé plusieurs années en France, n’avait pas l’habitude de ces précautions soupçonneuses en usage dans le pays, et il laissait à sa fille une très-grande liberté. Les hommes avaient un libre accès auprès d’elle, sans autre gêne que celle qu’exigent les bienséances. Mais sur-tout M.Falkland, en sa qualité d’étranger, et comme un homme qui n’était pas dans le cas d’avoir de prétentions à la main de Lucrèce, était admis sur le ton d’une grande familiarité. Pour la demoiselle, dans l’innocence de son cœur, elle ne se faisait pas