Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/64

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l’assemblée, quoique avec les mêmes prétentions quant au titre, lui était de beaucoup inférieure sur cet article essentiel, il était le grand-maître de la coterie. Tous les jeunes gens du cercle, sentant ses droits incontestables à la supériorité d’esprit parmi eux, ne regardaient qu’avec circonspection et timidité cet insolent despote qui maintenait son rang avec un sceptre de fer. Il est vrai que souvent ses traits s’adoucissaient et prenaient une teinte passagère de condescendance et de familiarité ; mais on savait par expérience que si quelqu’un encouragé par cet accès de bonté venait à oublier un moment la déférence que M. Tyrrel regardait comme lui étant due, il était bientôt traité de manière à se repentir de sa présomption. C’était un tigre qui jugeait à propos de badiner quelques instans avec un rat, mais qui voulait que le petit animal sentît à chaque minute le danger d’être écrasé