Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/65

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sous les pattes monstrueuses du féroce compagnon de ses jeux. Comme M. Tyrrel avait une assez grande facilité à parler, et qu’il était doué d’une imagination très-fertile, toute désordonnée qu’elle était, il était toujours sûr d’un auditoire. Ses voisins faisaient foule autour de lui, et ses paroles étaient bientôt suivies d’un rire universel, dû en partie aux égards qu’on lui portait, et en partie aussi à une véritable admiration pour son esprit. Il arrivait souvent, néanmoins, qu’au milieu de cette bonne humeur, un rafinement de tyrannie bien caractéristique venait se présenter à son idée. Quand ses sujets, excités par sa familiarité, commençaient à négliger de se tenir sur leurs gardes vis-à-vis de lui, tout-à-coup il lui prenait un accès de bile, un nuage soudain se répandait sur son front, le ton de sa voix passait du plaisant au terrible, et il s’ensuivait aussitôt une querelle d’allemand avec le premier