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IPHIGÉNIE EN TAURIDE.

DRAME

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

IPHIGÉNIE, seule.

Je viens sous vos ombrages, cimes agitées du bois antique, sacré, au feuillage épais ; ’ainsi que dans le silencieux sanctuaire de la déesse, j’y viens encore avec un frémissement secret, comme si je les visitais pour la première fois, et mon esprit ne s’accoutume point à ces lieux. Voilà bien des années qu’une volonté suprême, à laquelle je m’abandonne, me garde ici cachée : cependant, comme le premier jour, je suis encore étrangère. Car, hélas ! la mer me sépare de ceux que j’aime, et je passe de longs jours sur le rivage, cherchant du cœur le pays de la Grèce, et la vague écumante ne répond à mes soupirs que par de sourds mugissements. Malheur à celui qui, loin de ses parents et de sa famille, mène une vie solitaire ! Le chagrin