Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/161

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D’ETUDE.

FAUST, seul. Il entre, suivi du barbet.

FAUST.

J’ai quitté les champs et les prairies, que couvre une profonde nuit. Avec une prophétique et sainte horreur, elle éveille en nous l’âme supérieure. Les penchants grossiers sont endormis awc toute action violente : maintenant se ranime l’amour des hommes, l’amour de Dieu se ranime.

Reste en repos, barbet ! Ne cours pas ça et là. Que flaires-tu au seuil de cette porte ? Couche-toi derrière le poêle : je te donne mon meilleur coussin. Dans le chemin de la montagne, tu nous as divertis par tes courses et tes gambades : reçois donc maintenant mes soins, comme un hôte bienvenu et paisible.

Ah ! lorsque dans notre cellule étroite la lampe chérie se rallume, la lumière brille dans notre sein, dans le cœur, qui se connaît lui-même ; la raison recommence à’parler et l’espérance à refleurir ; on aspire aux flots de la vie, hélas ! à la source de la vie.

Ne gronde pas, barbet : les cris de l’animal ne s’accordent pas avec les saintes voix qui maintenant occupent mon âme tout entière. Nous sommes accoutumés à voir les hommes railler ce qu’ils ne comprennent pas, murmurer, à la vue du beau et du bon, qui souvent les importune : à leur exemple, le chien y veut-il aboyer ?

Mais, hélas ! avec la meilleure volonté, je ne sens déjà plus le contentement s’épancher de mon sein. Pourquoi faut-il que sitôt le fleuve tarisse et que de nouveau la soif nous consume ? J’en ai fait si souvent l’expérience ! Cependant cette disette a ses avantages : nous apprenons à estimer les choses célestes ; nous aspirons aune révélation, qui ne brille nulle part plus auguste