Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/205

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Tu parles bien comme Hans Liederlich1, qui demande pour lui toute gentille fleur, et s’imagine qu’il n’est honneur ni faveur qui ne se puissent cueillir. Mais il n’en va pas toujours ainsi.

FAUST.

Louable monsieur le magister, laissez-moi en paix avec votre morale. Et je vous le dis nettement, si cette douce jeune fille ne repose ce soir dans mes bras, nous nous séparons à minuit.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Veuillez des choses qui puissent se faire ! Il me faut quinze jours au moins pour épier seulement l’occasion.

FAUST.

Si j’avais seulement sept heures de loisir, je n’aurais pas besoin du diable pour séduire la petite créature.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vous parlez déjà, peu s’en faut, comme un Français. Mais, je vous en prie, ne vous tourmentez pas. Que sert-il de brusquer la jouissance ? Le plaisir n’est pas à beaucoup près aussi grand que si vous avez d’abord, avec mille brimborions, par-ci par-là, pétri et accommodé la poupée, comme nous l’apprennent maints contes gaulois.

Faust.

J’ai de l’appétit même sans cela.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Maintenant, sans dispute et sans raillerie, je vous le dis une fois pour toutes, cela n’ira pas vite avec cette belle enfant. Il n’est là rien à prendre d’assaut : il faut nous résoudre à la ruse.

FAUST.

Procure moi quelque, chose du trésor de cet ange ; mène-moi dans le lieu où elle repose ; procure-moi un mouchoir qui ait couvert son sein, une jarretière de ma mignonne.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Pour vous montrer que je veux secourir et servir votre peine, nous ne perdrons pas un moment, et je vous mènerai aujourd’hui même dans sa chambre.

1. Jean le libertin.