Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/283

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nouveau fou…. nouveau tourment…. D’où vient-il ?… Comment s’est-il introduit ?… Le vieux est tombé !… Il prodiguait tout…. C’était un tonneau…. à présent c’est un échalas. L’empereur.

Ainsi donc, âmes et féaux, soyez les bienvenus de près et de loin. Vous vous rassemblez sous une étoile propice. La-haut sont écrits pour nous bonheur et salut. Mais dites-moi pourquoi, dans ces jours où nous secouons le poids des soucis et nous affublons de belles barbes, ne voulant goûter que le plaisir, pourquoi nous devrions nous tourmenter à tenir conseil ? Mais puisque tel est votre avis, que cela ne pouvait aller autrement, que la chose est faite, à la bonne heure !

LE CHANCELIER.

La plus haute vertu, comme une auréole, entoure le front de l’empereur ; lui seul peut dignement l’exercer, la justice !… Ce qui est cher à tous les hommes, ce que tous demandent, désirent, dont ils ont peine à se passer, c’est à lui de le dispenser au peuple. Mais, hélas ! que sert à l’esprit de l’homme la raison, au cœur la bonté, à la main la docilité, si une fièvre dévore l’État jusqu’au fond, et si le mal couve et propage le mal ? Celui qui de ces hauteurs abaisse les yeux sur le vaste empire, croit faire un songe pénible où se croisent les monstres, où l’illégalité domine légalement, et où se déploie un monde d’erreurs. L’un vole des troupeaux, l’autre une femme, le calice, la croix et les chandeliers sur l’autel ; il s’en fait gloire bien des années, sans que sa peau en souffre, sans être atteint dans ses membres. Puis les plaignants se pressent dans la salle de justice ; le juge se pavane dans son grand fauteuil : cependant le tumulte croissant de la révolte roule ses flots en fureur. L’un ose se prévaloir de ses crimes et de son infamie ; l’autre s’appuie sur des complices, et vous entendez prononcer coupable, quand l’innocence n’a qu’elle seule pour se défendre. C’est ainsi que tout le monde tend à se dL-soudre, à détruire ce qui est honnête. Comment donc se développerait le sens qui seul nous conduit vers le bien ? A la fin l’homme bien pensant s’incline devant le flatteur, le séducteur ; un juge qui n’est pas libre de punir finit par se joindre au criminel. J’ai fait un tableau bien noir, cependant