Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/301

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longs plis…. Que dirai-je du maintien ?… Je crois reconnaître en lui un souverain.

LE JEUNE GARÇON.

C’est Plutus, nommé le dieu de la richesse. Lui-même il vient en pompe dans ces lieux : l’auguste empereur désire vivement sa présence.

LE HÉRAUT.

Dis-nous aussi toi-même ce que tu es.

LE JEUNE GARÇON.

Je suis la prodigalité, je suis la poésie ; je suis le poète, qui s’accomplit en prodiguant ses plus intimes trésors. Je suis aussi riche immensément, et je m’estime égal à Plutus ; j’anime et je décore ses bals et ses festins : ce qui lui manque, je le donne.

LE HÉRAUT.

La vanterie te sied à merveille : mais fais-nous voir tes talents.

LE JEUNE GARÇON.

Voyez-moi seulement faire claquer les doigts, et tout va briller et luire autour du char. Voilà un collier de perles qui tombe ! (H continue à faire claquer ses doigts.) Prenez ces boucles d’or pour le cou et les oreilles, et ces peignes et ces couronnes sans défauts, ces précieux joyaux montés en bagues. Je distribue aussi par moments des flammèches, attendant où elles pourront mettre le feu.

LE HÉRAUT.

Comme elle prend, comme elle happe, la chère multitude ! Le donneur en est presque étouffé. Il fait pleuvoir les bijoux comme en songe, et chacun les attrape dans ce vaste cercle. - Mais voici de nouvelles finesses ! Ce que chacun a saisi si diligemment, il en jouit fort peu. Le cadeau lui échappe et s’envole. Le collier de perles se défile ; des scarabées lui chatouillent la main ; il les jette, le pauvre sot, et ils bourdonnent autour de sa tête. Les autres, au lieu d’objets solides, attrapent de méchants papillons. Oh ! fripon, qui a promis tant de choses et ne donne que du clinquant !

LE JEUNE GARÇON.

Je vois bien que tu sais annoncer les masques ; mais approfondir la nature du vase, ce n’est pas l’affaire d’un héraut de