Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/302

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cour : cela demande une vue plus pénétrante. Cependant je veux éviter toute querelle : c’est à toi, maître, que j’adresse mes questions et mes paroles. (Il se tourne vers Plutus.) Ne m’as-tu pas confié ces quatre coursiers impétueux ? Ma main ne les conduit-elle pas heureusement, comme tu l’ordonnes ? Ne suis-je pas à la place que tu as indiquée ? Et, sur des ailes hardies, n’aije pas su conquérir la palme pour toi ? Aussi souvent que j’ai combattu pour ta cause, j’ai constamment réussi ; si le laurier couronne ton front, ne l’ai-je pas tressé de mon intelligence et de ma main ?

PLUTUS.

S’il est nécessaire que je te rende témoignage, je le dirai volontiers : tu es l’esprit de mon esprit ; tu agis constamment selon ma volonté ; tu es plus riche que moi-même. J’estime, pour récompenser tes services, le rameau vert plus que toutes mes couronnes. Je le déclare devant tout le monde avec vérité, mon cher fils, je prends plaisir en toi.

LE JEUNE GARÇON, à la foule.

Les plus riches présents de ma main, voyez, je les ai semés à la ronde. Sur cette tête, sur cette autre, brûle une flammèche que j’ai fait jaillir ; elle saute de l’une à l’autre ; elle s’arrête à celle-ci, elle échappe à celle-là ; mais il est bien rare qu’elle s’élève en flamme et brille vivement d’un rapide éclat : chez plusieurs, avant qu’on l’ait reconnue, elle s’éteint, tristement consumée.

BABIL DE FEMMES. ’

Cet homme, là-haut, sur le char à quatre chevaux, c’est sans doute un charlatan. Derrière lui se blottit paillasse ’, mais exténué par la faim et la soif, comme on ne l’avait jamais vu. Il ne sent pas quand on le pince.

L’extÉnuÉ.

Arrière, vilaines femmes ! Je sais que je ne suis jamais pour vous le bienvenu…. Quand la femme veillait encore sur le foyer, je m’appelais Avaritia. Dans ce temps-là notre maison était prospère : il entrait beaucoup de bien et rien ne sortait. Je veillais sur le coffre et l’armoire. C’était là peut-être un vice….