Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/310

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UN JARDIN DE PLAISANCE.

Une belle matinée : le soleil brille.

L’EMPEREUR et sa cour, hommes et femmes ; FAUST et MËPHISTOPHÉLÈS, vêtus décemmtnt, à la mode, et non d’une manière étrange ; tous deux s’agenouillent.

Faust.

Pardonnes-tu, seigneur, cet incendie pour rire ?

L’empereur, leur faisant signe de se lever. 

Je me souhaite beaucoup de pareils amusements. Je me suis vu tout d’un coup dans une sphère enflammée. Je croyais presque être Pluton. Un abîme de rochers noirs, charbonneux, embrasé d’étincelles ; ici et là, sur deux gouffres, tourbillonnaient des milliers de flammes furieuses, dont les flots ondoyants s’unissaient en voûte ; des langues de feu montaient en dôme immense, qui toujours se formait et se dissipait toujours. A travers la longue perspective des colonnes torses flamboyantes* je voyais se mouvoir les peuples en longues files ; ils s’avançaient en foule dans le vaste cercle et me rendaient hommage, comme ils ont toujours fait. J’en ai reconnu quelques-uns de ma cour. Je semblais le roi de mille salamandres.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Tu l’es, seigneur, puisque chaque élément reconnaît ta majesté absolue. Tu as éprouvé maintenant- l’obéissance du feu. Jette-toi dans la mer, aux lieux où elle se déchaîne avec le plus de violence, et à peine auras-tu posé le pied sur le fond jonché de perles, qu’il se formera, en bouillonnant, un cercle magnifique ; tu verras, en haut et en bas, les flols verts, ondoyants, aux franges pourprées, se développer en une superbe demeure dont tu occupes le centre.’A chaque pas que tu fais, les palais