Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/311

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t’accompagnent ; les murailles mêmes jouissent delà vie ; elles s’agitent, elles vont, elles viennent, rapides comme la flèche. Les monstres marins se pressent à ce nouveau et gracieux spectacle. Ils accourent et nul n’ose entrer. Là jouent les dragons aux écailles d’or chatoyantes ; le requin ouvre les mâchoires, et tu lui ris dans la gueule. Quels que soient maintenant les transports de la cour qui t’environne, cependant tu ne vis jamais une foule pareille. Mais tu ne restes pas séparé des objets les plus aimables : les Néréides curieuses s’approchent de la magnifique demeure, avec leur fraîcheur immortelle ; les plus jeunes, craintives et folâtres comme des poissons, les aînées, prudentes. Déjà Thétis est avertie ; elle présente au nouveau Pelée ses lèvres et sa main…. Alors le trône, au séjour de l’Olympe….

L’empereur.

Pour les espaces de l’air, je t’en remercie : on s’élève assez tôt sur ce trône.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Et la terre, souverain maître, déjà tu la possèdes.

L’empereur.

Quel heureux destin t’a conduit dans ces lieux directement des Mille et une nuits ? Si ton génie égale en fécondité Scheherazade, je te promets les plus hautes faveurs. Sois toujours prêt, si, comme il arrive souvent, votre monde uniforme vient à me déplaire à l’excès.

Le Maréchal, arrivant à la hâte.

Sire, je ne croyais pas de ma vie t’annoncer un aussi grand bonheur que celui qui me ravit, me charme en ta présence. Tous les comptes sont réglés ; les griffes-dés usuriers sont endormies ; je suis délivré de ces tourments d’enfer : il n’est pas au ciel de joie plus grande.

Le Grand Maître de l’armée, survenant de même.

Un à-compte est payé sur la solde ; toute l’armée a renouvelé son engagement ; le lansquenet se sent tout rajeuni, et l’hôte et les servantes s’en trouvent bien.

L’empereur.

Comme votre poitrine dilatée respire librement ! Comme votre figure plissée s’éclaircit ! Comme vous accourez prestement !