Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/340

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Puisque je suis, je dois aussi être actif.. Je voudrais me mettre à l’œuvre sur-le-champ : tu es ’habile, pour m’abréger le chemin.

Wagner.

Encore un mot seulement ! Jusqu’ici je me suis trouvé confus, parce que jeunes et vieux m’assiègent de problèmes. Par exemple, nul n’a pu comprendre encore comment il se fait que l’âme et le corps soient si bien assortis, tiennent ensemble aussi fermement que s’ils ne devaient jamais se séparer, et ne cessent pourtant de se rendre la vie amère. Ensuite….

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Arrête ! J’aimerais mieux demander pourquoi l’homme et la femme s’accordent si mal. Voilà, mon ami, ce que tu n’éclairciras jamais. Il y a de quoi s’occuper : c’est justement ce que veut le petit.

HOMUNCULUS. •

Qu’y a-t-il à faire ?

MÉphistophÉlÈs, indiquant une porte latérale.

Montre ici tes talents.

Wagner, regardant toujours la fiole.

En vérité, tu es un délicieux garçon. ( La porte latérale s’ouvre ; on voit Faust couché sur le lit. )

Homunculus, avec étonnement.

Admirable ! (La fiole échappe des mains de Wagner, voltige au-dessus de Faust et l’éclairé.) Les beaux alentours ! Des eaux limpides dans les bois épais ; des femmes qui se déshabillent, beautés adorables !… C’est toujours mieux. Mais l’une d’elles, remarquable par son éclat, semble appartenir à la race illustre des héros ou même des dieux. Elle pose le pied dans l’eau transparente ; la douce flamme de vie qui anime son noble corps se rafraîchit dans le souple cristal de l’onde…. Mais quel bruit d’ailes vivement agitées, quel murmure^, quel clapotement, se déchaîne dans le miroir poli ? Les jeunes filles fuient épouvantées ; la reine seule regarde tranquillement, et voit, avec un orgueilleux plaisir de femme, le prince des cygnes se presser doucement contre ses genoux, ardent et familier : il parait s^ accoutumer…. Mais tout à coup une vapeur s’élève, et couvre d’un voile épais la plus amoureuse des scènes.